Sans passé, le présent n’a pas d’avenir

Les Heures

 

Les Heures étaient filles du maître des Dieux, Jupiter, et de la déesse de la Justice, Thémis. De tels parents vouaient ces vierges prudentes et sages à une mission de confiance. Elles furent chargées en effet de présider à l’ordre du monde, à la succession des jours et des saisons, à la bonne ordonnance des lois.

Parfois même des rôles plus délicats leur étaient réservés. Ainsi furent-elles chargées, avec les Hyades et les Nymphes, de veiller, au cœur même de l’Arabie heureuse, dans cette ville légendaire que les Anciens appelaient Nysa, à la première éducation de Bacchus, enfant. Mercure, tout jeune, fut aussi confié à leurs soins.

Elles étaient si belles, si éclatantes de jeunesse, si habiles dans l’art d’ordonner vêtements et parures qu’elles faisaient partie avec les Grâces du cortège de Vénus. On dit même que leur fut accordé l’insigne honneur de recevoir sur le rivage de la mer la déesse, tout fraîchement née de l’écume des flots, et qui vint vers elles portée par la crête des vagues, sur son coquillage nacré. Elles tressèrent avec les Grâces, leurs compagnes, la longue chevelure blonde, parèrent de fleurs et de bijoux cette beauté ravissante et firent avancer le char attelé de deux colombes qui enleva vers l’Olympe celle qui devait présider désormais à l’éternelle jeunesse et à l’amour.

L’une de leurs tâches coutumières était d’ouvrir et de fermer les portes du ciel, par où sortent et rentrent les nuages qui fécondent la terre. Elles avaient aussi pour emploi d’atteler au char du Soleil les quatre chevaux de lumière qu’elles amenaient, piaffant du feu, de leurs célestes écuries et prêts à bondir dans l’espace.

Elles furent d’abord au nombre de trois : Eunomie, Dicè et Irène, noms qui signifient bon ordre, justice et paix. Elles présidaient aux trois saisons : Printemps, Eté, Hiver. Plus tard on ajouta une quatrième divinité, personnifiant l’Automne. Enfin, quand les Grecs eurent divisé le jour en douze parties égales, le nombre des Heures fut également porté à douze.

Déesses des saisons, elles étaient représentées sous les traits de femmes aux âges gradués, depuis l’adolescence, image du printemps, jusqu’à la femme au visage tout ridé, symbole de l’hiver, fin de l’automne et de la vie.