Pégase
Le cheval Pégase
Bellérophon, fils de Glaucos, roi de Corinthe, était comme son père grand amateur de chevaux. Aussi l’on devine l’intérêt qu’il prit un jour à suivre les évolutions aériennes d’un cheval dont l’espèce lui était totalement inconnue. Le bel animal, ailes étendues, planait au-dessus des prairies ; puis soudain il fuyait aussi rapide que l’éclair, dépassait le sommet des montagnes et se perdait dans le lointain azur pour redescendre bientôt d’un vol paresseux et se poser doucement à terre comme un grand oiseau.
Belléphoron émerveillé voulait s’emparer de cet étonnant animal. Mais la bête était farouche. Dès qu’elle flairait quelque danger, elle reprenait son essor. Le jeune homme, découragé par de vaines tentatives, supplia Minerve de venir à son secours. La déesse aux yeux pers plongea le prince dans un profond sommeil. Quand il se réveilla, un frein d’or brillait auprès de lui. Il s’en saisit tout joyeux et repartit à la recherche du cheval ailé. Il l’aperçut qui s’abreuvait à l’eau vive d’une fontaine. Doucement, il s’approcha de la bête merveilleuse. Celle-ci perçut du bruit, tourna la tête et vit étinceler le frein d’or. Alors sans un frémissement d’ailes, elle attendit docile le protégé de Minerve. Belléphoron n’eut aucune peine à lui poser le mors et à monter sur son dos. Il venait de dompter le message de la foudre, le fougueux animal né du sang de la Méduse, le fidèle compagnon du glorieux Persée, le cheval Pégase, bête prestigieuse qui d’un coup de son sabot avait fait jaillir au sommet de l’Hélicon la fontaine Hippocrène.
Quel cavalier éprouva plus de fierté ? Chevauchant sur un tel coursier, Belléphoron se sentait l’âme d’un héros et prêt à tout entreprendre. Justement le roi de Lycie lui offrit l’occasion de montrer son courage et lui prescrivit d’aller combattre la Chimère.
C’était un monstre qui comptait dans sa famille d’autres monstres tristement célèbres : le lion de Némée, l’hydre de Lerne, le Sphinx, le Harpyes et le chien Cerbère. Elle-même rivalisait avec ses frères et sœurs de laideur et de cruauté. Elle avait une tête de lion, un corps de chèvre qui se terminait en queue de dragon et sa gueule vomissait des flammes.
Belléphéron enfourcha Pégase et par la voie des airs se mit à la recherche du terrible animal. Il le découvrit bientôt. Alors tel un aigle qui s’abat sur sa proie il fonça sur le monstre et plongea dans la gueule béante un lourd épieu dont la masse de plomb fondit au contact de la flamme. La Chimère, après de violents soubresauts, périt étouffée.